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UB- Préhistoire Le site de Préhistoire de l'Université de Bourgogne Cours en ligne Licence 1 - HAA |
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Introduction au Néolithique Cours 9 : Arts et symboles au Néolithique
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Nous consacrons donc aujourd'hui une séance aux arts et au Symboles au Néolithique et essentiellement dans le Néolithique européen et ceci mérite tout d'abord une introduction. Pourquoi art et symboles ? Si le domaine symbolique est probablement très vaste, pris dans son sens le plus simple c'est-à-dire ce qui représente autre chose en vertu d'une correspondance s'étend à l'ensemble de ce qui est porteur de sens, on atteint très vite les limites de ce que l'on peut en faire en archéologie préhistorique. Par ailleurs l'art demeure très difficile à appréhender en tant que tel et l'existence d'un « art pour l'art » demeure invérifiable. Evidemment, l'ensemble des productions artisanales est concerné par le caractère artistique, formes et décors de la céramique, finesse de certains outils en pierre ou en métal, éléments de parures… pouvant nécessiter un investissement technique et/ou temporel important et en même temps offrant des qualités esthétiques indéniables. Vous avez pu vous en rendre compte, au travers des cours, dans les cultures matérielles de nombreux groupes du Néolithique. Mais, la part symbolique de ces objets nous demeure difficile à appréhender. Il est évident que les formes et les décors très stéréotypés de la céramique correspondent dans le Néolithique occidental, au travers de traditions très rigides, au moins autant à un symbole qu'à une manifestation esthétique : c'est l'identité du groupe qui est représentée. Le symbole est aussi présent dans tous les objets de prestiges, qui correspondent à des objets rares acquis par des « élites » désireuses de montrer leur rang, d'afficher leur richesse ou leur pouvoir : des éléments de parures en matières rares, des armes et des outils en matières tout aussi rares, mais si on peut parler dans ce cas d'art pour certains objets transformés dans le but de leur donner une forme, un aspect, qu'en est-il des objets bruts qui ne valent que pour la matière dont-ils sont faits ? A l'inverse, toutes les représentations peintes, gravées ou sculptées qui forment l'art rupestre et la statuaire, comme l'art mobilier, sont-elles systématiquement symboliques comme semblent le croire les archéologues qui cherchent toujours des interprétations de plus en plus sophistiquées pour toutes ces représentations ? Certaines ne sont peut être que des formes d'art… « que » pour sous-entendre non porteuses d'un sens symbolique. Vous aurez donc compris que pour le Néolithique, comme pour la Préhistoire d'une manière générale, comme pour l'ensemble des sociétés qui ne livrent pas un discours explicatifs avec leurs productions, arts et symboles sont peu ou prou indissociables. Je vais donc aujourd'hui essayer de ne pas trop parler pour vous dire qu'on ne sait rien ou pas grand-chose et vous laisser regarder les images en vous donnant seulement quelques indications sur la chronologie et la localisation de ces manifestations. Aujourd'hui, nous allons laisser de côté, l'ensemble des productions que nous avons pu voir fréquemment à travers les précédents cours, c'est-à-dire la culture matérielle (céramique, outillages…), les trop fameux « biens de prestige », les manifestations architecturales et/ou monumentales et encore plus funéraires, ensemble de choses qui, je vous le rappelle sont sans doute très symboliques pour les populations du Néolithique, et nous allons nous concentrer sur les manifestations dites artistiques que sont les figurines, les sculptures et l'art rupestre, c'est-à-dire les peintures et les gravures. Il faut que vous sachiez, enfin, que l'ensemble de ces vestiges d'un « art néolithique » connaissent particulièrement le poids des modes dans la recherche, avec des périodes d'intenses études et de production d'interprétation, comme c'est le cas à l'heure actuelle, suite au développement de nouvelles théories sur l'art rupestre paléolithique, et d'autres périodes et surtout d'autres catégories de chercheurs qui rejettent purement et simplement ces études parce qu'elles ne permettent pas d'établir des faits et ne sont que spéculations… Contrairement à ce que j'ai pu vous dire concernant la monumentalité qui apparaît réellement avec le Néolithique, arts et symboles sont naturellement beaucoup plus anciens et se perdent en réalité dans la nuit des temps du développement de la conscience humaine et même au-delà puisque le domaine des symboles n'est pas inconnu des grands singes. Malgré tout, c'est généralement à l'homme moderne, sapiens sapiens, que l'on concède le développement de l'art tel que nous le connaissons. Je ne développerai pas là-dessus, c'est hors de notre propos, mais j'espère que vous avez quelques notions sur l'art paléo : au moins les grottes du paléolithique supérieur de Lascaux, de Niaux, Pech-Merles et surtout les plus récemment découvertes et les plus anciennes d'ailleurs de Cosquer à Marseille et de Chauvet en Ardèche. Ainsi que l'art mobilier de la même époque avec les figurines que l'on appelle venus connues dans l'ensemble du Paléolithique supérieur. Ceci pour vous expliquer que l'art ou le symbolisme du Néolithique est le fruit d'une longue pratique et de multiples et très anciennes traditions. En même temps, comme je vous le répète à chaque fois, il n'y a aucune évolution linéaire vers quelque chose de plus complexe ou de plus beau, ou d'un art figuratif vers un art abstrait… Les manifestations artistiques et symboliques sont donc présentes dès le début du Néolithique et dès son origine pour ce qui nous concerne, c'est-à-dire au Proche Orient. Nous avons vu à plusieurs reprises, je crois, les très nombreuses figurines animales et humaines mais aussi probablement fantastiques (au sens où il ne s'agit pas d'êtres réels) présentes dans les diverses cultures dès la période pré-néolithique, puis pendant les premières phases de celui-ci. Mais nous avons aussi vu les représentations en grande taille, présentes à la fois au Levant et sur le moyen Euphrate représentant animaux et être humains, en bas-reliefs, comme déjà en ronde bosse. Les décors peints sont aussi présents dès ce premier Néolithique avec les sites d'Anatolie dont le plus célèbre demeure Catal Hoyuk qui présente à la fois de nombreuses figurations peintes mais aussi de véritables sanctuaires où toutes les représentations comme les sculptures ont un sens symbolique évident bien que difficile à percer. Enfin, pour le Proche Orient, je vous rappelle l'existence dès le PPN au 9 e millénaire, de ces étranges tablettes de Jerf El Ahmar sur l'Euphrate où de nombreux symboles gravés nous interrogent sur le niveau de symbolisme de ces polulations… En Europe, nous allons retrouver toutes ces formes d'art et de symbolisme. Les symboles du Proche Orient néolithique se diffusent en Europe, avec par exemple le culte des bucranes surmodelés, comme ici en Grèce. Les figurines sont présentes dans l'ensemble du monde danubien, bien que se raréfiant notoirement en allant vers l'ouest. Elles seront encore présentes dans les phases suivantes du Néolithique et en particulier dans le groupe Chasséen du Néolithique moyen, pour nos régions, où on en connaît de multiples exemples. Dans tous les cas, il s'agit de représentations notoirement sexées et en l'espèce féminimes. Ces figurines vont se développer pendant le Néolithique, surtout en Europe centrale, avec par exemple celles de la culture de Vinça en Roumanie, très nombreuses. Mais aussi dans diverses cultures européennes du Néolithique. Mais nous allons aussi trouver des groupes originaux, comme celui des cyclades, à la fin du Néolithique, au début du 3 e millénaire Et nous allons trouver des objets très approchants en Sardaigne, probablement de provenance égéenne, à la même époque. Mais en Sardaigne, la tradition des petites sculptures existe déjà avec d'autres types de venus datées du Néolithique moyen. Ce que nous allons aussi retrouver sur l'archipel de Malte au cours du 4 e millénaire. Le Néolithique européen va surtout être marqué par des représentations gravées ou peintes, à la fois sur des parois de grottes et sur des monuments construits comme les dolmens et toutes les sortes de menhirs, stèles… Pour vous donner quelques exemples de peintures et de gravures rupestres néolithiques, nous pouvons nous intéresser au sud de la France et à l'Italie du nord. Dans ces régions, des peintures, réalisées à l'ocre pour l'essentiel, peuvent être datées du Néolithique. Vous pouvez voir ici, les sites à peintures et gravures du Midi de la France qui sont actuellement déjà très nombreux. Ces peintures vont être le plus souvent des représentations de signes et plus rarement des représentations figuratives. Les signes sont très nombreux : points, étoiles, carrés, sortes de sapins et autres qui s'apparentent à des représentations humaines stylisées. Beaucoup de représentation sont totalement indéchiffrables. Les éléments figuratifs sont souvent animaux, avec une grande variété, mais aussi des représentations mettant en scène des êtres humains, et parfois des choses appelées « idoles », essayer de vous souvenir à quoi cela ressemble. A partir du 3 e millénaire nous allons avoir des gravures très variées. Vous avez peut-être entendu parler du Valcamonica en Italie ou de la vallée des Merveilles en France. Les gravures y sont particulièrement nombreuses mais se développent depuis le Néolithique final jusqu'à notre siècle pour ainsi dire. Concernant les premières phases de gravure, les représentations sont déjà très diversifiées. On y reconnaît évidemment des figurations animales et humaines, des représentations de champs et de labours avec des araires tirées par des bœufs. Les représentations de bovidés sont d'ailleurs très nombreuses, on les appelle les cornus. On peut aussi voir des représentations d'armes et pour le Néolithique final, il s'agit essentiellement de poignards de type connus en Italie du nord dans la première moitié du 3 e millénaire. Il y a aussi évidemment de très nombreux signes et des représentations qui sont pour nous abstraites. Mais ces gravures ne vont pas apparaître uniquement sur des parois de pierre, mais aussi sur des monuments construits par les hommes, cela va être le cas par exemple en Bretagne qui offrent dès le Néolithique moyen avec le développement du mégalithisme, un très grand nombre de manifestations de ce qu'on va appeler l'art mégalithique. On va généralement distinguer de la décoration comme les stèles surchargées de gravures qui composent le monument mégalithique de Gavrinis et des menhirs et des stèles gravées ou sculptées qui vont avoir des figurations symboliques plus évidentes. Ces figurations semblent être très anciennes au sein du cycle mégalithique car elles sont fréquemment sur des blocs en réemploi dans la construction de monuments. Les figurations sont très diverses là encore, parfois figuratives comme avec les animaux de la table des marchands, ou les représentations de haches. Souvent plus difficile à déchiffrer, avec des signes et des représentations sans doute symboliques. Avec une part sexuelle pouvant être importante. Ces dernières années, une nouvelle interprétation de ce qui était considéré comme un dérivé des figurations de haches, propose de voir un cachalot dans certaines de ces figurations. Les figurations dans les monuments mégalithiques ne sont pas toutes gravées et la Péninsule Ibérique livre de beaux témoignages de décors peints à l'intérieur de dolmens. Enfin, le phénomène des stèles et statues-menhirs fait se rejoindre les domaines artistiques et symboliques. Ce phénomène est très présent dans de nombreuses régions d'Europe, mais présente des zones de concentrations particulières surtout dans les Alpes en Suisse et en Italie et au sud du massif central en France. Le phénomène est donc connu en Bretagne et dans les îles anglo-normandes. Quelques exemples de ces stèles et statues menhirs qui sont toutes datées de la fin du 4 e millénaire peut-être mais surtout du courant du 3 e millénaire. On en connaît jusque sur le pourtour de la Mer Noire en Crimée, et ici en Bulgarie, ou encore en Roumanie. Mais l'essentiel va se trouver à partir de l'Italie, ici en Italie du Sud. Ou ici en Toscane Mais pour l'essentiel dans le nord de l'Italie, dans le Trentino et la vallée d'Aoste. Ici dans le Trentino avec le site d'Arco. Et là avec le site de Saint-Martin de Corléans à Aoste. Sur ce site, comme sur celui du Petit Chasseur à Sion en Suisse que nous verrons à la suite, deux phases distinctes sont connues pour ces stèles. Les plus anciennes au décor peu chargé avec pendeloques en doubles spires et poignards et les plus récentes présentant un décor géométrique et les attributs de l'archer, généralement rapprochées du phénomène campaniforme. Et donc ici en Suisse, et en fait juste de l'autre côté des cols de haute montagne, le site du Petit Chasseur à Sion Ces stèles péri-Alpines sont présentes jusqu'en Allemagne, ici avec la stèle de Saschen-Anhalt dans la Halle en contexte de la culture cordée. Et on va en trouver jusqu'en Espagne. En France, deux grandes zones de concentrations en plus de la Bretagne Le pied du massif central sur les causses de l'Aveyron et du Tarn, dans la région du Rouergue. Les représentations sont masculines ou féminines, les vêtements sont parfois figurés, mais surtout des objets, dont l'objet. Plusieurs groupes sont distingués dont je vous fais grâce. En Provence, il s'agit de très petites stèles, mais aussi probablement des plus anciennes, car elles apparaissent dès le milieu du 4 e millénaire en contexte du Néolithique récent. Il s'agit peut-être tout d'abord de stèles aniconiques ou plus probablement peintes. Mais aussi très rapidement ou en même temps, de stèles à chevrons dessinant un visage encadré d'un décor de chevrons. Un petit groupe dit des stèles venaissines se distingue avec une forme de visage différente. Ces stèles ne sont pas sans rappeler la figuration d'idole peinte que nous avons vu tout à l'heure. Je pourrais vous parler des heures des interprétations de toutes ces manifestations artistiques et symboliques : cultes des ancêtres, de la chasse, de la « Déesse Mère » : pour l'agriculture et l'élevage, les représentations des territoires et du groupes, peut-être même d'autres divinités… Mais en fait nous n'en savons que très peu de choses et je préfère vous laisser à votre propre réflexion.
Bibliographie DE SAULIEU G. (2004) – Art rupestre et statues-menhirs dans les Alpes. Des pierres et des pouvoirs 3000-2000 av. J.-C. , Paris : Errance, 2004, 191 p. GIMBUTAS M. (2005) – Le langage de la Déesse , Paris : Edition des Femmes – Antoinette Fouque, 2005, 415 p. GUILAINE J. (Dir.) (2003) – Arts et symboles du Néolithique à la Protohistoire , Séminaire du Collège de France, Paris : Errance, 2003, 300 p.
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