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UB- Préhistoire Le site de Préhistoire de l'Université de Bourgogne Cours en ligne Licence 1 - Préhistoire ancienne |
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Préhistoire ancienne Cours 2 : Le temps de la Préhistoire : Chronologie, climats et environnements anciens
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Bonjour, Afin de dégager du temps pour vous montrer des choses plus intéressantes lors des prochaines séances, j’ai décidé de vous compacter en une seule séance le Temps de la Préhistoire, à tous les sens du terme, c'est-à-dire quelques notions de chronologie et quelques grandes lignes sur l’évolution du climat et de l’environnement pendant la Préhistoire. Nous allons commencer avec la chronologie, pour vous fixer un peu les idées sur les grandes étapes de l’histoire humaine et surtout pour aborder le problème du temps préhistorique, de la durée… que la plupart des gens ont un peu de mal à se figurer, ce qui est tout à fait normal, rassurez-vous ! Alors bien évidemment, la Préhistoire, l’essentiel de l’histoire de l’Homme, c’est long, c’est même très long. Si long que c’est généralement difficile à représenter. Evidemment aussi, il est très difficile de donner une date à l’apparition de l’homme. Parce qu’il est difficile de définir réellement un début. Alors ne vous inquiétez pas, nous reviendrons sur ces questions des origines de l’homme dans de prochains cours. Ici chaque barre représente un agrandissement d’une petite partie de la barre précédente. C’est la seule façon de rendre lisible les quelques millénaires du Néolithique, situé complètement à droite, à l’échelle des millions d’années de la Préhistoire… On peut illustrer l’histoire de l’humanité en la rapportant à une année. J’espère que cette petite pirouette vous a montré la durée de l’histoire humaine déjà écoulée et l’extrême jeunesse du Néolithique au sein de cette longue histoire. Et si vous considérez finalement le moment de l’apparition de ces fossiles par rapport aux origines de la vie (il y a 500 ou 600 MA pour des animaux ressemblant à des poissons par exemple, mais il y a 3,8 Milliards d’années pour les bactéries) ou plus encore à l’âge de la planète Terre (4,5 milliards d’années), si vous en arrivez à la conclusion qu’on est bien peu de choses, c’est que vous commencez à appréhender la longue durée… Pour ce qui va nous intéresser cette année, C’est à ces derniers que nous consacrerons le second semestre dans son ensemble, comme je vous l’ai déjà dit et nous serons là, dans la période entre 10000 avant notre ère et pour l’Europe occidentale 2000 avant notre ère, période où se développe l’âge du Bronze. Nous reverrons cette chronologie en détail tout au long de l’année. Retenez aussi que toutes ces dates que je vous donnerai, correspondent à des approximations, qui correspondent le plus souvent à des fourchettes de temps : je dirai autour de 2 MA, vers 1,5 MA, ou encore quelque part entre 1,5 et 1 MA… A ce sujet, un problème récurrent de l’archéologie, quelle que soit la période considérée est que l’on ne peut que très rarement dater précisément l’origine de quelque chose, le premier, l’invention. Ce que l’archéologue, le préhistorien ou le paléoanthropologue vont observer le plus souvent c’est le moment ou une espèce, une invention, une culture s’est déjà généralisée. Ce n’est qu’un problème de probabilité, considérant la longue durée, les vastes géographies, et le faible nombre de sites archéologiques fouillés. Pour vous donner un exemple, on dit généralement que les plus anciens foyers incontestables datent de 550000 ans. Nous allons maintenant voir ce que l’on connaît de l’évolution du climat et de l’environnement pendant la Préhistoire. Comme vous le savez tous, l’histoire de la Terre est complexe et sur la longue durée, de nombreux changements de climat ont affectés les différentes régions du globe, Ainsi, il y a 60 millions d’années, l’ensemble des continents qui étaient encore rassemblés, connaissait un climat tropical chaud et humide… Mais, nous ne nous intéresserons ici uniquement aux périodes les plus récentes de l’histoire de la planète, celles qui concernent la Préhistoire humaine. L’évolution du climat semble avoir eu un rôle prépondérant, même s’il n’est pas unique, dans l’évolution des primates puis de la branche qui va donner les premiers hommes. Mais aussi sur leur dispersion à la surface de la planète que l’on appelle une radiation. Mais encore évidemment, sur l’évolution des modes de vie des hommes, sur leur culture matérielle et sans doute sur leurs structures sociales et leurs systèmes de pensée. Les grandes étapes que nous allons voir maintenant, se retrouveront donc tout au long des cours sur l’évolution de l’homme et des cultures de la Préhistoire. Pour les périodes qui nous intéresseront, notons un premier grand changement climatique qui intervient au Miocène moyen, il y a environ 15 MA. En Afrique, les paysages assez chauds et humides, vont se transformer avec un recul des espaces couverts au profit de zones plus ouvertes (forêts claires et savanes boisées). Entre 12 et 8 MA, au Miocène supérieur, l’assèchement en Afrique orientale (la région qui nous intéressera le plus pour cette période) se poursuit et s’accentue. Nous étions là encore dans l’Ere Tertiaire et la période que l’on appelle le Quaternaire, c'est-à-dire la nôtre, commence quelque part, selon les définitions variables des chercheurs entre 3 MA et 1,9 MA… C’est une période donc plus froide que les précédentes, où vont en fait alterner des périodes très froides et des périodes de réchauffement sensible. Ces périodes froides sont appelées les glaciations. On en connaît 6, auxquelles on a donné des noms d’affluents du Danube, par ordre alphabétique. Les périodes entre ces glaciations sont appelées des interglaciaires. Pendant les phases glaciaires elles-mêmes, on observe des variations de température et on distingue des périodes très froides (appelées stades) et des périodes moins froides (appelées inter-stades) qui portent toutes des noms dont je vous fais grâce. Evidemment, seule la dernière glaciation : le Würm est bien connue, même si on connaît quelques traces de la précédente appelée Riss. Les traces des plus anciennes ont eu tendance à disparaître sous l’impact des suivantes. Ces périodes glaciaires sont marquées par l’augmentation de la calotte glaciaire, son développement très large sur toute l’Europe du nord et par la formation de grands glaciers dans les montagnes alpines. Evidemment tout l’environnement en périphérie de ces glaciers change, en raison de l’abaissement global de la température. Les espèces végétales adaptées à un environnement plus chaud disparaissent tout d’abord laissant la place à des espèces mieux adaptées, et en conséquences les espèces animales migrent vers des régions plus clémentes alors que d’autres les remplacent ou s’adaptent. Parallèlement les paysages s’en trouvent même modifiés, en particulier avec la baisse du niveau des océans, mobilisés par la glace. Les continents sont donc plus vastes qu’aujourd’hui avec le plateau continental émergé. C’est pour cette raison que, pour vous donner un exemple, la grotte Cosquer dans les calanques de Marseille, nous en reparlerons dans quelques temps, une magnifique grotte ornée du Paléolithique supérieure découvert au début des années 90, se trouve aujourd’hui par 38 m de fond sous le niveau de la Méditerranée. En réalité au Paléo sup, il y a 18000 ans par exemple, le niveau de la mer se trouvait 120 m plus bas qu’actuellement et l’entrée de la grotte n’était donc pas sous-marine mais perchée dans une barre rocheuse au sommet d’une colline. Hors de la région proche des glaciers en Europe, par exemple en Afrique, les périodes de glaciations et d’interglaciaires vont être marquées par des alternances de phases que l’on appelle pluviaux et arides dont la corrélation précise avec les phases glaciaires et interglaciaires demeure difficile. Concernant l’environnement lui-même, si l’on reprend notre chronologie à partir du Pléistocène ancien, entre 1,8 MA et 700000 ans, nous commençons en Europe avec une période relativement chaude et humide (en comparaison des suivantes), pendant près de 600000 ans qui va brutalement se dégrader avec la première grande péjoration climatique qu’est la glaciation de Günz. A ce moment de violentes manifestations volcaniques affectent le centre de la France. L’Europe méridionale échappe à la vaste vague de froid, Des zones abritées conservent à la fois des éléments de la faune et de la flore antérieure qui pourront ainsi se redévelopper à chaque période favorable puis au Post-glaciaire. Dans le centre de la France, vers 1,8 MA on va rencontrer une flore arborée composée de conifères (Pins, sapins, Epicéas), de grands arbres à feuilles caduques (chênes, charmes, ornes, hêtres) mais aussi des essences actuellement exotiques avec des noms imprononçables. Vers 1 MA dans la même région, la végétation est sensiblement identique, et les restes animaux témoignent de la présence d’éléphants, de chevaux, d’hippopotames, de cerfs, de bisons et de quelques hyènes. On ne connaît pas grand-chose du moment de la glaciation günzienne, les sites connus sont tous dans la région méditerranéenne et présentent des espèces végétales et animales proches de celles rencontrées dans le centre de la France, à la période antérieure. Au pléistocène moyen entre 700000 et 130000 ans, la période va commencer par un réchauffement qui permet à la forêt décimée par la glaciation précédente de se redévelopper. C’est ce nouveau refroidissement qui est responsable de la disparition des faunes chaudes anciennes que l’on appelle villafranchienne (peu importe) comme l’éléphant et l’hippopotame. L’interglaciaire Mindel-Riss à partir de 300000 voit d’ailleurs une reconquête des forêts assez importante, mais bientôt la nouvelle glaciation appelée Riss ouvre une période de 100000 ans encore plus froide que la précédente. Les plaines sont couvertes de steppes, alors que les zones méditerranéennes sont occupées par des forêts de conifères. On ne rencontre que des mammifères adaptés au froid. Dans les périodes froides, comme je vous l’ai dit, on observe généralement des oscillations climatiques, indiquant des moments de réchauffements climatiques où le couvert forestier va avoir tendance à se redévelopper. Ainsi dans le Midi de la France, la stratigraphie de la Caune de L’Arago à Tautavel permet d’observer la succession de couches renfermant des restes de Rennes, de Thar et de mouflon évoquant un paysage découvert, et de couches où se développent plusieurs espèces de Cerf et de Prémégacéros témoignant d’un couvert forestier plus important, puis de nouveau un paysage ouvert dominé par des Rennes, des bœufs musqués, du mouflon, du cheval, du bison des steppes, de l’auroch et du Rhinocéros de la prairie. Le pléistocène supérieur commence vers 130000 avec une période d’interglaciaire appelée Riss-Würm qui ne durera que 30000 ans. Comme d’habitude, la forêt se réinstalle. Mais bientôt, dès 100000 le climat se dégrade à nouveau et dès 70000 on peut parler d’une nouvelle glaciation appelée le Würm. C’est même entre 20000 et 18000 que le maximum de froid est atteint. A ce moment s’étend sur l’Europe un inlandsis (une calotte de glace) de 50 milliards de kilomètres-cubes de glace. Ce n’est qu’ensuite, à partir de 18000 à 16000 avant notre ère que la glaciation sera interrompue par des oscillations tempérées de plus en plus longue et de plus en plus régulières jusqu’à la fin du tardiglaciaire vers 10000 avant notre ère. A la fin de la glaciation wurmienne, la dernière donc, une amélioration climatique sans précédent et globale va affecter la planète. Celle-ci non plus ne se fait pas ni en un jour, ni en une fois mais avec des alternances et des améliorations répétées et successives qui vont entraîner en Europe le redéveloppement des forêts et la mise en place de la faune et de la flore actuelle. Et au Proche Orient par exemple, le développement de conditions particulièrement favorables avec l’apparition de champs de céréales spontanées qui vont entraîner la néolithisation. Nous y reviendrons au second semestre. Vous l’aurez peut-être compris, nous sommes en ce moment dans un interglaciaire et sous réserve que l’action de l’homme ne transforme pas durablement l’écosystème global, ce qui n’est pas encore gagné, la prochaine glaciation devrait avoir lieu d’ici 10 à 15000 ans au plus…
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