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Stonehenge - Lem

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Humeurs

 

COMPRENDRE
Pourquoi les Enseignants-Chercheurs, les Chercheurs et les Etudiants sont dans la rue…

Le fond : De mauvaises réformes… Pas une seule, plusieurs !

Le statut des Enseignants-Chercheurs

La réforme envisagée du statut des Enseignants-Chercheurs (EC), sous la forme d’un décret visant à la modulation des services est foncièrement une mauvaise chose. Officiellement, il s’agit de pouvoir donner plus de temps aux « bons » EC pour les laisser faire de la recherche, en les déchargeant d’une partie de leur service d’enseignement (jusque là pas de problème), mais comme cela se fait à moyen constant, cela veut dire qu’en contrepartie de « mauvais » EC moins investis dans la recherche auront un service d’enseignement plus chargé. On aurait donc des non-chercheurs ou des mauvais chercheurs qui assureraient l’essentiel de l’enseignement !
Imaginez, à moyen constants et sur des enseignements spécialisés, étant dans mon Université, le seul enseignant en Préhistoire,  si je suis considéré comme un bon chercheur et qu’on me décharge des enseignements, qui va donner les cours de Préhistoire ? Un collègue archéologue de l’Antiquité ou du Moyen-Age ? Il sera peut-être très compétent dans son domaine, mais en Préhistoire ?
Cette séparation entre EC chercheurs et EC enseignants serait déterminée localement sur la base d’une évaluation des travaux. On essaye de faire croire à l’opinion publique, que les Enseignants-chercheurs refusent l’évaluation de leur travail, ce qui est faut. D’une part les EC qui sont déjà titulaires d’un Doctorat, puis d’un dossier pour entrer sur une liste d’aptitude aux fonctions d’enseignant, puis qui passent encore un concours pour avoir un poste et certains un diplôme supplémentaire (Habilitation à Diriger les Recherches) pour devenir Professeurs, sont aussi  évalués, tout au long de leur carrière, en fonction de leur équipe de recherche de rattachement qui fait l’objet d’une évaluation nationale (avec des « fiches chercheurs » individuelles). Par ailleurs les EC sont évalués à chaque participation à des colloques et congrès comme à chaque publication, puisque leurs travaux passent devant des comités de lectures qui jugent de l’intérêt et la validité des travaux…

La réforme de la préparation aux concours et le Lycée

La réforme de la préparation aux concours de l’enseignement du 1er et du 2nd degré est aussi totalement ahurissante… Ce qui a été appelé la « Masterisation des concours » aboutit à donner des diplômes plus élevés à des futurs enseignants moins bien formés – avec un niveau d’exigence moindre… rien ne se verra. La partie stage très importante se trouve extrêmement réduite et très difficile à mettre en œuvre. En outre, les titulaires d’un Master enseignement qui ne réussiraient pas le concours ne pourront intégrer un cursus de Doctorat, leur Master ne les y préparant pas, mais pourront fournir l’Education Nationale, en enseignants précaires sur contrat, afin de remplacer tous les postes de titulaires qui sont supprimés chaque année, dans des établissements aux classes surchargées… Comme d’habitude ceci doit se faire à moyen constant…. Cette réforme rejoint celle des Lycée qui a été mise en sommeil face à la fronde des Lycéens. Les concepts de socles de connaissances… qui visent à justifier d’une éducation minimale pour l’essentiel de la population, tout en rendant optionnelles –voire dans les fait inexistantes – un certain nombre de matière jugée moins utiles… comme l’histoire ou l’économie… d’ailleurs les matières qui obligent les jeunes à réfléchir un peu et à s’ouvrir sur le monde…

La réforme du CNRS

La réforme du CNRS qui concernent les Chercheurs mais aussi les EC qui participent à des Unités Mixtes de Recherches, laboratoires qui rassemblent des chercheurs du CNRS mais aussi des Universités… La réforme prévoit de transformer le meilleur organe de recherche publique au monde en agence de moyen pour travailler au sein d’Instituts sur des recherches considérées (par qui d’ailleurs ?) comme prioritaires… La réorganisation de la recherche n’est encore une fois qu’un moyen de réduire les coûts en délabellisant des laboratoires qui ne seront plus qu’universitaires au lieu de bénéficier de la synergie actuelle… Les domaines de pointe (ceux qui permettent des bénéfices à court terme) feront l’objet d’investissement de la part du privé… le reste (tout ce qui n’est pas utile aux yeux de certains) disparaitra tranquillement…

L’Autonomie des Universités

L’Autonomie des Universités… Une réforme passée en douce pendant l’été… bien emballée pour sembler judicieuse, mais qui n’amène qu’à une chose : le développement des inégalités entre établissements… inégalités renforcées par un classement établi entre des pôles d’excellences, des établissements prometteurs, innovants et autres… L’Autonomie des universités à la fois financière et organisationnelle ne peut conduire qu’à la disparition de certains centres et à l’affaiblissement d’autres qui ne pourront plus se permettre de conserver ni toutes les disciplines ni la totalité d’un cursus LMD jusqu’au Doctorat… Actuellement les nombreuses universités françaises assurent la formation d’une proportion conséquente d’étudiants sur la totalité du territoire national… Qu’en sera-t-il demain ? Beaucoup d’universités risquent de devenir des collèges à l’américaine, préparant seulement le niveau licence. Seuls les étudiants disposant de moyens conséquents pourront rejoindre les universités parisiennes d’excellence – où la sélection  par l’argent sera instaurée pour entrer dans les critères du « classement de Shanghai ».

La méthode :

Le rythme et la non-concertation systématique

Toutes ces réformes nous tombent dessus les unes après les autres à un rythme effréné, sans concertation, sans discussions… et cela serait fait en catimini si l’on avait parfois besoin des gens pour les mettre en place… L’occasion de se rendre compte de ce qui se passe !

Le mépris, l’insulte le mensonge

Le discours sur la recherche du Président Sarkozy, le 22 janvier dernier était probablement la goutte de trop, celle qui fait déborder le vase. Tous les chercheurs et enseignants chercheurs, même politiquement plutôt du bord du Président, se sont sentis insultés, comme la recherche française a été méprisée au plus haut point.
Grosso modo : la recherche française est mauvaise (derrière un ou deux Prix Nobel), les chercheurs et EC français sont feignants, idéologues, archaïques !!!
Non seulement c’est faux mais en plus c’est méprisant, insultant… insupportable.
Je ne développe pas, il vous suffit de consulter la vidéo de ce discours largement présente sur internet…

Ce que je ne sais pas

Si, donc, je sais pourquoi les Chercheurs, les Enseignants-Chercheurs les Etudiants sont en colère… ce que je ne sais pas c’est le pourquoi de ces réformes… et comme chercheur, je ne peux que m’interroger… Se peut-il que nos gouvernants soient aveugles ou stupides pour détruire systématiquement des systèmes qui fonctionnent, tant bien que mal ? Je ne le crois pas…

Alors pourquoi ?

  1. Pourquoi moins bien former nos futurs enseignants ?
  2. Pourquoi supprimer les enseignements qui font réfléchir les jeunes ?
  3. Pourquoi casser le CNRS alors que cet organisme fonctionne ?
  4. Pourquoi donner à nos étudiants des profs incompétents ?
  5. Pourquoi réduire systématiquement la part du public dans les domaines de l’enseignement et de la recherche ?

Si on observe les réformes actuelles dans tous les autres domaines, la santé, les médias, la justice… On ne peut être qu’inquiet.
A force de rire des inepties de la « théorie du complot », peut-être ne savons-nous plus en reconnaitre un lorsqu’on l’a devant les yeux…

 

 

Découpages et rabotages médiatiques

Un peu pénible de ne pas reconnaître son propos lorsqu'il est rapporté dans les journaux ou à la Télévision...

 

Le Bien public - jeudi 13 novembre 2008 : réaction à la "possibilité de travailler jusqu'à 70 ans" :

La version du journal :

« Désastreux »

Olivier, 38 ans, maître de conférences en archéologie à l'uB : « Il est probable que je travaille au-delà de la limite légale parce que mon activité scientifique est celle d'un passionné. En revanche, je suis persuadé que la possibilité de travailler jusqu'à 70 ans est une mauvaise mesure si elle devient le cas général parce qu'elle pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les salariés âgés, les entreprises et les jeunes. Est-il possible qu'il s'agisse d'une idée non réfléchie et à court terme ou cela participe-t-il d'un plan visant à la déréglementation totale du travail en France ? Dans tous les cas, s'il s'agit bien, ici, de régler le problème des retraites, ce n'est probablement pas par cette mesure. »

Mon argumentaire complet (proposé sans le titre mis entre guillemets qui ne m'appartient pas) :

S’il est probable, à titre personnel, que je travaille effectivement au-delà de la limite légale, au travers de certaines mesures spécifiques (Eméritat), parce que mon activité scientifique est celle d’un passionné, je suis persuadé que la « possibilité » de travailler jusqu’à 70 ans est une mauvaise mesure si elle devient le cas général parce qu’elle pourrait avoir des conséquences désastreuses aussi bien socialement qu’économiquement, pour au moins trois raisons :

- Pour les salariés âgés, cette possibilité va rapidement se transformer en obligation (financière) alors que de nombreuses professions revêtent un caractère de pénibilité qui est de moins en moins supportable avec l’âge,

- Pour les entreprises qui vont devoir garder des salariés âgés, moins adaptés aux nouvelles technologies, pratiques et méthodes de leurs professions (voire de fait moins rentables parce qu’au sommet de leur carrière en terme de salaire),

- Pour les jeunes aussi, car cette mesure conduira de manière logique à une réduction des renouvellements et créations d’emplois et donc à une augmentation du chômage.

Est-il possible qu’il s’agisse d’une idée non réfléchie et à court terme ? Ou cela participe-t-il d’un plan visant encore une fois à la dérèglementation totale du travail en France (qui semble bel et bien dirigée par « la grande entreprise » et le « capitalisme financier » au détriment du « l’humain »). Dans tous les cas, s’il s’agit bien ici de régler le problème des retraites, ce n’est probablement pas par cette mesure.

 

France 3 Lorraine-Champagne-Ardennes : Emission "Le Mag" du 11 octobre 2008 sur les détecteurs de métaux et le pillage archéologique :

Voir le reportage : http://jt.france3.fr/regions/popup.php?id=e54a_lemag&video_number=0

Mon propos complet sur le sujet :

La chasse aux trésors, la collection, l’archéologie et le patrimoine.

Le patrimoine archéologique est un bien commun de la collectivité. Il n’a pas vocation à finir dans des vitrines de collections privées pour le plaisir solitaire de quelques collectionneurs pathologiques.

La chasse aux trésors ou la recherche d’objets ce n’est pas de l’archéologie.
L’archéologie c’est une discipline scientifique qui a pour but de reconstituer la vie et l’histoire des populations du Passé à partir des vestiges qu’elles nous ont laissé.

Les objets archéologiques

Les objets archéologiques sont un moyen et non une fin. Un moyen d’approcher et de comprendre l’histoire, les modes de vie des populations de passé. Les objets peuvent aussi constituer pour le grand public une illustration de cette histoire ou de ces modes de vie… c’est à cela que servent les musées d’archéologie qui sont en ce sens un peu différents des musées d’art. Bien sûr, certains objets archéologiques sont aussi des objets artistiques mais ce n’est pas le cas général.

Si l’objet archéologique a une valeur informative intrinsèque, son contexte de découverte est au moins aussi important que lui-même : le site et la couche ou la structure de laquelle il provient, les autres objets auxquels il est associé… C’est pour cela qu’un objet archéologique prélevé par une personne qui n’a pas les compétences requises perd une grande partie de sa valeur scientifique.

A ce titre tout point de découverte d’un objet archéologique, même unique et isolé est considéré en archéologie comme un « site archéologique » qui peut être pris en compte dans des études de secteurs autour des sites d’habitat ou de sépultures, mais aussi sur des cartes de répartition à large échelle…

L’archéologie : discipline scientifique et métiers

L’archéologie c’est une discipline scientifique et toute une série de métiers.
Cela s’apprend : aussi bien dans le domaine de l’archéologie de terrain qui nécessite l’emploi de méthodes et de techniques spécifiques mais aussi dans le domaine des spécialités, par période par exemple.

Les formations en archéologie sont des formations de l’enseignement supérieur, essentiellement dispensées dans les universités. L’archéologie comporte de nombreux métiers qui correspondent à divers types de qualification de la Licence (BAC+3) au Doctorat (BAC+8 et plus). Il existe naturellement des techniciens pour les opérations de terrain qui ont été formés « sur le tas » mais ils sont de moins en moins nombreux, remplacés par des gens qui ont des formations de niveau BAC+4 à BAC+5 le plus souvent.

Evidemment, les formations universitaires en archéologie s’adressent avant tout aux plus jeunes, mais il n’est pas rare de voir des personnes en reconversion professionnelle ou des retraités qui viennent suivre des cours.
On a coutume de dire qu’il n’y a pas de boulot dans ce genre de discipline, ce n’est pas complètement faux, cependant en ce moment particulièrement, le développement d’une archéologie préventive privée et de collectivité, à côté du grand établissement public qu’est l’INRAP offre de nombreux débouchés.

Participer à l’archéologie et à la sauvegarde du patrimoine

L’archéologie, ça ne ressemble pas vraiment aux aventures d’Indiana Jones ni à celles de Tomb Raider…

Chacun peut contribuer, à son niveau, à l’archéologie et à la sauvegarde du patrimoine :

Participer à l’archéologie de terrain, c’est assez facile, il y a chaque année de nombreuses fouilles programmées organisées en France, financées par l’Etat et les collectivités territoriales. Ces fouilles fonctionnent grâce au bénévolat… Il s’agit pour l’essentiel d’étudiants et de lycéens mais il n’est pas rare d’y croiser des retraités et même des actifs qui font cela pendant leurs vacances. Ces fouilles sont encadrées par des professionnels ou des amateurs d’ailleurs qui ont les compétences requises –vérifiées par les services de l’Etat- pour mener des recherches archéologiques.

La liste des fouilles programmées acceptant des fouilleurs bénévoles se trouve sur le site web du Ministère de la Culture : http://www.culture.gouv.fr/culture/fouilles/accueil.html

    La sauvegarde du patrimoine est avant tout du ressort des associations qui sont bien utiles pour relayer les services de l’Etat, directement sur le terrain, qui peuvent faire des surveillances de travaux et surtout signaler aux services compétents des destructions ou des pillages… Certaines associations font de la restauration de monuments, d’autres s’occupent de collecter des fonds pour les premières…

    L'Archéologie dans les médias :

    faut-il en rire ?

    Au sujet d'un reportage d'actualité sur Stonehenge, dans le JT de 20h de France 2,

    lundi 22 septembre 2008

    N’y a-t-il pas un conseiller en archéologie à la rédaction de France 2 ? Du moins un journaliste scientifique digne de ce nom ? Si c’était le cas nous pourrions nous dispenser :

    - Du sensationnalisme permanent : dès qu’il s’agit d’archéologie, la rengaine est soit Mystère, soit Trésor de façon à faire une accroche facile (qui ne coûte pas trop cher en réflexion). Ici le mystère de Stonehenge est enfin dévoilé ou en passe de l’être…

    - Des imprécisions voire des erreurs grossières de chronologie : une date 2300 avant J.-C. jetée en pâture mais qui ne marque rien du tout… Le début de l’aménagement de Stonehenge est daté d’environ 3000 avant notre ère, peut-être un peu avant. Le monument mégalithique date des environs de 2500 et il est ensuite remanié à plusieurs reprises pendant tout le second millénaire…

    - Des théories fumeuses. Stonehenge étant maintenant un sanctuaire thérapeutique comparable à Lourdes… Il y a quelques mois une autre équipe avait déjà « compris » Stonehenge comme une nécropole puisqu’on y a trouvé un certain nombre de sépultures…

    - De la fin de reportage véhiculant des contre-vérités pour faire joli. Ici un mystère étant percé, on en ajoute un sur le transport des mégalithes… Qui est simplement faut puisqu’on a aujourd’hui une très bonne idée des origines, modes d’extraction et de transport des monolithes.

    En réalité donc, si nous connaissons de mieux en mieux la chronologie, les étapes et les modes d’aménagement et de construction de sites comme Stonehenge, leur fonction demeure en revanche hors de notre portée. Stonehenge n’est au départ qu’un « henge » (fossé circulaire) parmi des milliers d’autres dans les îles britanniques, d’autres henge ont livré des structures en bois, d’autres encore des ensembles mégalithiques moins sophistiqués ou moins impressionnants. Ces monuments sont très probablement religieux (ou politique) puisqu’ils n’ont pas de fonction domestiques ou funéraires avérées… Ils s’apparentent donc à l’ensemble des monuments qui couvrent le Proche Orient et l’Europe entre 10000 et 2000 avant notre ère avec le Néolithique : la sédentarisation des peuples, le développement de l’économie de production (l’agriculture et l’élevage) et les transformations des modes de pensée, d’organisation sociale et sans doute de la religion.
    Il s’agit d’une période tout à fait passionnante de l’Histoire de l’Humanité. Celle où se mettent en place les fondements de nos sociétés actuelles… à condition de traiter le sujet avec un peu plus de sérieux, évidemment.

     

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    Encore un film totalement con sur la Préhistoire !

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    Le 12 mars prochain sort sur les écrans français le nouveau blockbuster américain signé Roland Emmerich (Independance Day, Le Jour d'après...). Superproduction américaine donc, qui a pour cadre l'an 10000 avant notre ère ! La seule vue de la bande annonce du film ne m'aurait pas incité à lui faire de la publicité si je n'avais découvert ces derniers jours les grands placards publicaitaires en couleur, à l'honneur de ce film, qui ornent les bus dijonnais.

    L'histoire :

    Membre d'une tribu vivant dans les montagnes, D'Leh prend la tête d'un petit groupe de chasseurs et se lance à la poursuite des ravisseurs. Au cours de son périple, D'LEh et ses amis affronteront des tigres à dents de sabre et autres prédateurs préhistoriques. Ils découvriront aussi une civilisation perdue : un empire au-delà de l'imagination où un dieu terrible les attend.

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    Les incohérences visibles dans la bande annonce :

    Il s'agit ici d'une tribu de chasseurs-collecteurs vivant dans les montagnes et chassant le mammouth dans un univers très paléolithique supérieur... Bon autour de 10000 avant notre ère, c'est pas impossible. Cette brave tribu est attaquée par des méchants cavaliers (incohérent) qui raptent les femmes.

    Le héros du film va traverser le monde à la poursuite des méchants ravisseurs jusque dans une région désertique ressemblant fort à l'Egypte, où nous trouvons de véritables villes et des pyramides (incohérent) construites par des mammouths (incohérent) apprivoisés ou domestiqués (incohérent), dans une société très évoluée possédant des objets (poignards) en métal (incohérent) mais où l'on affronte des tigres à dents de sabre et des autruches géantes (incohérent) devant de nombreux bâteaux à voile sur une rivière...

    En bref, nous voici face un joli compactage du temps permettant de réunir dans un même film des animaux préhistoriques et des monuments de "style égyptien" avec un scénario simplissime... On peut s'attendre à de très belles images et à des salles de cinéma bien remplies... en racontant n'importe quoi, n'importe comment !

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    Un avis personnel :

    Bien sûr le but de ce genre de film est... de rapporter de l'argent ! Et la recette employée est de faire... du spectacle ! Et je n'ai rien a priori contre les films spectaculaires.

    Ce qui m'inquiète un peu, c'est le fait que ce film porte sur une période particulièrement mal connue du grand public (généralement jeune) qui constitue son coeur de cible. Si le but n'est pas de faire de la pédagogie, ce que je conçois parfaitement, la cohérence du propos ne semble pas être un problème : on met n'importe quoi et puis hop ! on verra bien, l'essentiel c'est que le public paye sa place...

    L'incohérence chronologique ou le "décalage", n'est pas en soi un problème si le public est capable de l'apprécier. Mettez une cadillac dans un péplum, une navette spatiale dans un château du Moyen Age... Normalement pas de problèmes ! Les gens savent faire la part des choses et peuvent s'en amuser. Cela s'est fait à plusieurs reprises dans l'histoire du cinéma... mais les films volontairement décalés sur les périodes historiques voisinnent généralement avec d'autres productions visant à replacer un scénario dans un contexte historique -rarement totalement exact- mais parfois très fouillé.

    S'agissant de la Préhistoire et de l'une des périodes les moins connues du public, 10000 avant notre ère... c'est autre chose. Une rapide revue des forums consacrés à ce fim sur internet montre des guerres de tranchées entre ceux qui fulminent face aux incohérences évidentes et ceux qui s'en moquent ne souhaitant que se distraire un moment lors de la projection. Plus graves sont les réactions d'un certain nombre de jeunes (essentiellement) qui se fondent sur une crypto-histoire du monde pour justifier la présence de mammouths dans l'Egypte pharaonique (oui c'est sûr, mais on ne veut pas que ça se sache. C'est un complot pour protéger les Atlantes !), ou pire qui s'imaginent qu'un réalisateur sérieux comme Rolan Emmerich n'a pu que s'entourrer de nombreux spécialistes et que le film a aussi valeur de documentaire (Tu sais mieux qu'à la télé, toi peut-être ? - hommage aux Bidochons)... La seule existence de ces discussions autour du film me semble constituer un problème en soi.

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    Oui un film cohérent aurait été possible :

    En y réfléchissant un peu, un film spectaculaire sur le Néolithique n'est pas impossible à faire... les décors saisissants ne manquent pas pendant la période, du Proche Orient des Xe-IXe millénaires (la tour de Jéricho, les temples de Gobekli...) aux régions mégalithiques de l'Europe occidentale des IVe et IIIe millénaires... (Carnac, Stonehenge, Avebury, Silbury Hill... ou la Méditerranée avec les temples de Malte, la pyramide du Monte d'Accoddi en Sardaigne...).

    Evidemment les animaux de l'holocène sont sans doute moins impressionnants que les mammouths et autres animaux des climats froids de la période glaciaire... Mais quelques grands cerfs, gros aurochs et ours de belle taille pourraient constituer la part animale nécessaire à la recette... ou des animaux domestiques selon la période - les petits agneaux ça marche aussi auprès du jeune public !

    Il serait même possible de construire un scénario sur l'un des grands phénomènes de l'époque : la colonisation néolithique, la construction des mégalithes, la première métallurgie, la diffusion campaniforme... sans pour autant tomber dans le documentaire pédagogique pénible.

    En même temps, un scénario un peu plus travaillé ne serait peut-être pas du luxe, comme en témoigne l'accueil un peu mitigé de 10000 par la Presse américaine... Et ce ne sont pas non plus les bons romanciers qui manquent actuellement.

    Tout ce qu'il faudrait finalement c'est que les réalisateurs et producteurs de ce type de film préhistorique se paye les service d'un archéologue de la période pour les conseiller, leur éviter de faire n'importe quoi et leur donner de bonnes idées...

    Messieurs les réalisateurs et producteurs, je suis à votre disposition (et même, pas très cher).

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    Bon, je vais quand même faire un saut au cinéma, pour voir par moi-même l'ampleur du désastre. Mais je ne me fais pas d'illusions : une daube de plus... et quelques inepties supplémentaires à combattre chez les étudiants de Première Année dès la prochaine rentrée.

    Voir le site officiel : http://wwws.warnerbros.fr/10000bc/

    Au sujet du film : Allociné.com : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=109040.html

    Mes premières réactions sur allociné.com : http://inepties-prehistoriques.blogs.allocine.fr/

    Au sujet du film : Première.fr : http://www.premiere.fr/premiere/cinema/films-et-seances/fiches-film/10-000

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